Le vocabulaire libéral qui endort et paralyse :
« La confiance dans l’entreprise est la clé de la réussite d’un dialogue social de qualité » Muriel PENICAUD, Ministre du Travail.
Pour faire passer la pilule des ordonnances Macron, le gouvernement use et abuse d’un vocabulaire vernissé, artificiel et trompeur qui masque une politique sociale particulièrement régressive et d’une grande violence pour les salariés et leurs représentants.
Le gouvernement et le MEDEF, qui ont fabriqué ces ordonnances ensemble, n’en doutons pas, nous bercent avec des mots mensongèrement positifs qui inspirent la confiance, le sérieux et qui font même échos aux nobles valeurs de la France : plus de liberté, plus d’égalité, plus de sécurité.
Alors que pour les salariés, ce sera totalement l’inverse : plus d’assujettissement, plus d’inégalités, plus de précarité.
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La liberté et la sécurité seront pour les gros patrons qui traiteront les salariés comme de la valetaille.
Naturellement, toute cette imposture est largement relayée par la presse dominante qui, rappelons-le, appartient à 90% aux grands patrons du CAC 40. Ceux-là même qui profiteront de ces nouvelles dispositions.
Tout est mis en œuvre pour que nous soyons endormis, apathiques, malléables, résignés… Et surtout, SURTOUT, il faut caricaturer et ringardiser tous ceux qui pourraient nous encourager à la réflexion, à la remise en cause du système. Car cela pourrait nous amener à la rébellion.
Cette encouragement à la réflexion et à la rébellion face à des mesures sociales régressives, on l’attendrait naturellement des 5 organisations syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC et CGC) qui sont là pour défendre nos intérêts.
Or, ce n’est pas vraiment le cas. Ou très mollement pour faire genre.
Pourquoi les organisations syndicales se sont-elles à ce point prêtées au jeu du gouvernement, sans rentrer immédiatement dans un rapport de force musclé ?
Car elles sont compétentes et qualifiées pour prendre toute la mesure de la violence de ces ordonnances.
Les réponses sont multiples et tiennent essentiellement dans le mode de financement de ces organisations, qui dépendent beaucoup des pouvoirs exécutif et législatif. Elles ne peuvent pas aller trop loin dans l’offensive et la provocation, sinon des lois pourraient changer et leur être moins favorables.
Il faudra que nous y consacrions un article car, là aussi, l’imposture est énorme et ceux qui en paient le prix, ce sont les salariés.
Cela explique la démarche de notre syndicat, le SCID, qui tient à rester indépendant et refuse de s’affilier à une fédération ou une confédération. C’est le prix pour être un véritable contre-pouvoir.
Donc, si le gouvernement prend la peine de concerter les organisations syndicales, c’est parce que la loi l’y oblige.
Le tout premier article du code du travail prévoit que « tout projet de réforme envisagé par le Gouvernement qui porte sur les relations individuelles et collectives du travail, l’emploi et la formation professionnelle et qui relève du champ de la négociation nationale et interprofessionnelle fait l’objet d’une concertation préalable avec les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives au niveau national et interprofessionnel en vue de l’ouverture éventuelle d’une telle négociation ».
En effet, il y a eu une concertation avec les organisations syndicales pour faire joli : pas moins de 48 réunions sur la négociation collective, sur le dialogue économique et social et les relations de travail ont été menées entre le 9 juin et le 21 juillet 2017. Le tout dans un cadre luxueux et une ambiance sympathique, entre gens de bonne compagnie.
Les souhaits et les craintes de chaque organisation syndicale ont été entendus. Voilà qui nous fait une belle jambe.
Cela a-t-il changé la donne ? Des compromis ont-ils été faits par le gouvernement ?
Aucun qui n’ait été déjà prévu au départ, car dans ce genre de situation, personne ne doit perdre totalement la face. Voilà où en est.
Le gouvernement a clairement démontré qu’il n’avait pas l’intention de perdre son temps en débats au Parlement, pas plus qu’il n’avait l’intention de modifier son texte de loi. Au diable la démocratie politique et le dialogue tant vanté dans ce projet de loi ! Il a choisi de réformer par ordonnances en profitant de l’apathie de l’été.
Le gouvernement veut aller vite et nous presse, il y a soi-disant urgence à réformer le code du travail qui est décrit comme LE frein à l’emploi. Mensonge encore ! Et ô combien grossier ! Ce qui crée de l’emploi, c’est la demande, le carnet de commandes qui se remplit.
La réalité est que les gouvernements libéraux qui se succèdent ont pour mission de détruire les droits collectifs et les libertés des salariés et, plus largement, de tout citoyen. En broyant tout sur leur passage. Tout cela enrobé d’un vocabulaire libéral qui endort et qui paralyse.
Il faut lutter absolument contre ces politiques mortifères et contre cette manipulation de masse qui nous hypnotisent. Il n’y a pas de fatalité et il est toujours possible de se battre.
Dès la rentrée, nous appellerons à la mobilisation. Nous sommes convaincus que seule une grève générale pourra faire bouger les lignes.
A bon entendeur !
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