Décrets PASP et fichage des données personnelles (PASP : Prévention des Atteintes à la Sécurité Publique) : nos droits et nos libertés de nouveau piétinés !
Le 2 décembre dernier, le gouvernement a encore pondu trois nouveaux décrets, voir ici : Décret n° 2020-1510 du 2 décembre 2020
Décret n° 2020-1511 du 2 décembre 2020
Décret n° 2020-1512 du 2 décembre 2020
Ces décrets étendent les fichiers de « sécurité publique » déjà existants, pour permettre le fichage des personnes ou des groupements (ça, c’est nouveau) pouvant « porter atteinte à la sécurité publique ou à la sûreté de l’État ».
Ces fichages pourront enregistrer et conserver toutes les données concernant les opinions politiques, les convictions philosophiques, les croyances et pratiques religieuses, les appartenances syndicales, les données de santé, familiales, toutes les activités sur les réseaux sociaux, les modes de vie, les lieux fréquentés, les sports, les photos…
Bref, toute votre vie.
Et ce fichage s’étend même aux parents et aux enfants des personnes visées. Enfants mineurs inclus, sans notion d’âge. Donc rien n’empêchera le fichage d’un enfant de 5 ans !
Naturellement, la police et la gendarmerie seront totalement libres d’interpréter la notion d’atteinte à la sécurité publique ou à la sûreté de l’État. Qui sont des notions suffisamment vagues pour leur permettre de ficher à peu près tout le monde, dès qu’on exprime des opinions.
Et comme il s’agit de décrets, c’est le gouvernement tout seul qui fait sa loi, sans aucun débat démocratique, sans analyse indépendante des conséquences, sans discussion, sans vote. Et ça s’applique immédiatement.
Car on nous fait croire que nous sommes toujours dans l’urgence de prendre ce genre de décisions.
Un scénario bien rôdé et rabâché en boucle dans les médias dominants.
Ce qui est frappant à la lecture de ces Décrets PASP, c’est que la notion de sûreté de l’État a été systématiquement rajoutée dans le code de sécurité intérieure, à côté de la notion de sécurité publique déjà existante.
La sécurité publique désigne la société civile, le peuple. Donc oui, en tant que services publics, la police et la gendarmerie veillent à assurer la sécurité du plus grand nombre, le respect de l’intérêt général. Sur le papier, nous sommes d’accord.
En revanche, ces services publics ont-ils pour but et fin ultime d’assurer la sûreté de l’État ?
Car qu’est-ce que l’État ?
Nous avons envie de répondre : l’État, c’est nous !
Nicolas Machiavel (XVème et XVIème siècle) fut un des premiers à faire usage du mot État comme « unité politique d’un peuple qui peut survivre aux allées et venues non seulement des gouvernements mais aussi des formes de gouvernement ».
En droit, c’est un ensemble de personnes, une collectivité humaine qui acceptent de s’imposer un ordre et des contraintes collectives dans le but de sauvegarder l’intérêt général et les biens communs.
Si le gouvernement fait un distinguo entre sécurité publique et sûreté de l’État, c’est que ce sont pour lui deux choses différentes. C’est bien ce qui nous inquiète.
Cela démontre encore une fois que ce gouvernement se considère, comme direction administrative du peuple, à part de la collectivité.
Il se considère également totalement au-dessus du peuple puisque des décisions faisant loi et impactant tous les citoyens sont prises par une poignée de gus, non élus et pas forcément compétents, au mépris de toute considération démocratique.
Comme les confinements, les couvre-feux, le port du masque, les fermetures des restaurants, des lieux culturels, des universités, etc. Avec d’immenses et dramatiques conséquences économiques, sociétales, sociales et humaines… Dont on ne voit que le début.
Nous ne sommes pas dupes, ces Décrets PASP ne font qu’officialiser des pratiques officieuses. Néanmoins, il est choquant de voir un gouvernement afficher son absence de scrupules à piétiner les droits, les libertés et le respect de la vie privée des gens.
Comme si, à force de matraquage médiatique et de storytellings de crises sanitaire et sécuritaire, cela était devenu normal et même, nécessaire.
La persuasion par la force de la répétition. Une méthode de communication bien connue. Qui veut nous empêcher de réfléchir, de prendre de la hauteur.
Ce qui est choquant également, c’est que le Conseil d’État, qui représente le pouvoir judiciaire dans sa fonction de juge suprême du pouvoir exécutif et qui est indépendant sur le papier, a validé ces décrets de fichages généralisés.
L’illusion de liberté et de démocratie que certains pouvaient encore avoir s’effondre, sans véritable contre-pouvoir, tout semble verrouillé, sans heureuses perspectives.
Pourtant, l’Histoire nous montre que des sociétés décadentes et agonisantes se sont reconstruites. Et que c’est au plus fort de la tempête que des gens de bonne volonté se rassemblent pour le bien commun.
C’est l’objectif des Gilets Jaunes qui se sont levés en novembre 2018 et sont restés debout, malgré les insultes, les caricatures et les violences inouïes dont ils font l’objet, pour revendiquer – pour tous – une société juste, digne et humaine.
Le mot État vient du latin status, du verbe stare qui signifie se tenir debout.
Nous sommes toujours debout et n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler et de mutualiser nos moyens pour reprendre nos droits et s’entraider les uns les autres.
Comme disent les Gilets Jaunes : nous avons retrouvé la fraternité, battons-nous pour gagner la liberté et l’égalité. Et pour remettre, enfin, l’humain au centre des décisions.
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