C’est Noël, Macron nous prend pour des dindes.
Alors que nous vivons un mouvement de contestation sociale sans précédent depuis mai 68, massivement soutenu dans la France entière, Macron continue de nous prendre pour des dindes.
On dit ça parce c’est Noël. Noël, dindes.
Et aussi parce qu’on a bien écouté l’allocution du président de la République diffusée même pas en direct le 10 décembre dernier. On met volontairement un « p » minuscule à président.
Dans cette réponse de Macron à la manif des gilets jaunes du samedi 8 décembre, notre petit président nous faisait, sur la question du pouvoir d’achat, 4 déclarations censées provoquer un effet choc sur la population. Les voici (sic) :
- « Le salaire d’un travailleur au SMIC augmentera de 100 € par mois dès 2019, sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur ».
- « Les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges dès 2019 ».
- « Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année à leurs employés. Et cette prime n’aura à acquitter ni impôt, ni charge. »
- Concernant les retraités : « Pour ceux qui touchent moins de 2000 € par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de la CSG subie cette année ».
Alors oui, on peut dire qu’on a eu un choc. Énorme.
Quel foutage de gueule !
Macron a annoncé des mesures qui, à part la prime de fin d’année, seront entièrement financées par les impôts, donc par nous. Sans aucune contribution des plus riches.
Alors que, justement, le mouvement des gilets jaunes dénonce les injustices sociales et une trop grosse pression fiscale sur les plus modestes. Fallait oser. Le mec nous prend vraiment, mais vraiment pour des cons.
Décortiquons.
1) Le coup de l’augmentation du SMIC de 100 €, on y a cru 5 minutes et on s’est vite aperçus de l’ampleur du mensonge du tout petit président de la République.
Car le salaire d’un travailleur au SMIC ne va pas augmenter de 100 €. Non. Macron a menti.
Ce que le gouvernement va augmenter, c’est une aide publique de la CAF, la prime d’activité.
- Une aide publique, c’est financée par les impôts, donc par nous.
- Une aide publique, il faut la demander, remplir plein de papiers. Elle ne tombe pas directement dans votre poche.
- Une aide publique, c’est soumis à des conditions de ressources, en l’occurrence celles du foyer. Donc tous les smicards ne vont pas la toucher, loin de là.
C’est donc cette aide publique qui sera revalorisée de 90 € à partir de janvier 2019. Et les salariés du privé pourront y ajouter 10 € de revalorisation légale du SMIC (source : les Échos du 17 décembre 2018).
Et en plus, cette augmentation était déjà prévue, Macron se contente d’accélérer le calendrier.
On est donc loin de la phrase choc « Le salaire d’un travailleur au SMIC augmentera de 100 € par mois dès 2019 » ! Un mensonge, honteux.
2) Le coup de l’exonération de charge et d’impôt des heures sup, Sarkozy nous l’avait déjà fait. C’était le fameux « travailler plus pour gagner plus ». Une arnaque et une catastrophe pour l’emploi.
Une arnaque parce que ce n’est pas le salarié qui choisit de faire des heures sup, c’est le patron. Donc s’il ne veut pas que vous en fassiez, vous n’en faites pas.
Ensuite, c’est une mesure qui plombe l’emploi. Imaginons un petit patron qui a 7 salariés. Il a besoin de 35 heures de plus de travail par semaine. Que va-t-il faire ?
– Embaucher un nouveau salarié, se taper plein de démarches, s’engager sur un coût à long terme, payer des charges sociales ?
– Ou simplement faire faire 5H sup aux salariés qu’il a déjà, sans que cela ne lui coûte aucune charge sociale ?
Bon ben voilà. Une arnaque et une mesure contre-productive pour l’emploi.
Et il n’y a pas que nous qui le disons : une note de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) publiée le 1er octobre dit que cette mesure pourrait détruire 10.000 emplois d’ici 2020.
Fantastique.
3) La prime de fin d’année versée par les employeurs, sans impôts ni charges. Pas obligatoire bien sûr, l’employeur peut la verser ou pas. Et s’il le fait, il choisit le montant.
Alors nous on pense que les primes exceptionnelles, c’est super. Mais une fois qu’on l’a touchée, c’est fini.
Ce qu’on voudrait surtout, c’est obtenir une augmentation significative et durable du salaire de base.
Donc, nous avons écrit à toutes les entreprises dans lesquelles nous sommes présents pour leur demander de verser une prime d’au moins 1000 euros ET d’augmenter les salaires de base des salariés.
Évidemment, c’est surtout les salariés des grandes entreprises qui vont en bénéficier. Les petites et moyennes entreprises n’en ayant pas forcément les moyens.
En revanche, c’est l’occasion pour les copains du président, c’est-à-dire les gros patrons, les plus riches, ceux qui ont financé sa campagne, de valoriser leur image et montrant à quel point ils sont généreux.
Comme Total qui a annoncé donner une prime de 1500 € à ses 30 000 salariés. Le top.
Comme Altice (SFR, BFMTV tiens, Libé…) qui va donner 1000 euros à ses 20 000 salariés.
Comme Iliad (Free) : 1000 euros à ses 6000 salariés…
LVMH, Carrefour et d’autres sont aussi super emballés par l’idée. Ils réfléchissent toutefois encore au montant et aux modalités…
Ces gros patrons peuvent remercier Macron qui les exonère de toutes charges sur cette prime. Et qui leur permet de surfer sur la vague du « on est solidaires avec les français les plus modestes, on participe à l’effort national ».
Un beau coup de com.
Mais quand-même, les salariés qui vont toucher une prime exceptionnelle pourront remercier les gilets jaunes.
4) Sur les retraités, c’est pareil. Elle est où, l’annonce choc ? Des retraités qui se plaignaient déjà avant de leur faible pouvoir d’achat vont voir la hausse d’une taxe annulée et revenir comme avant. Ouaiiiis.
En plus, c’est une usine à gaz encore ce truc.
Parce que ce sera pas début 2019 comme annoncé par Macron, mais en juillet avec effet rétroactif. Et puis le taux d’exonération de la CSG variera selon le revenu du foyer…
On vous épargne les détails et les tableaux concoctés par Bercy. Si vous voulez creuser la question, lire ici
Donc, ça n’a pas calmé la colère des retraités. Qui s’ajoute à celle des salariés qui ne vivent pas dignement de leur travail. Qui s’ajoute à celle des chômeurs. Qui s’ajoute à celle des agents des services publics. Qui s’ajoute à celle des lycéens. Etc.
Même les policiers manifestent maintenant.
Donc avec tout ça, nous, on aimerait bien lui faire sa fête à Macron, pour Noël. Et pour le jour de l’an aussi, s’il n’a pas bien compris. Avec feux d’artifice, dindes et tout…..
On va y aller, encore et encore. Et ça repartira de plus belle en 2019, avec le prélèvement des impôts à la source. Car là, les français vont voir leur salaire net baisser. Et les petites mesurettes annoncées ne suffiront pas.
Quand on a goûté à la fraternité, la vraie, celle que vivent les gilets jaunes sur les ronds-points et quand on a vu la force qu’a le peuple quand il se rassemble, on a plus peur de rien.
Alors, joyeux Noël à tous et en musique (vu sur Twitter, sur un péage « occupé ») 😉
https://twitter.com/i/status/1075876645477732352
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