Épisode 7 : LA BANQUE DU TEMPS
Les Brigades du SCID, Saison 1 : la première série sociale uniquement sur Internet et les réseaux sociaux.
LES BRIGADES ATTAQUENT LA BANQUE DU TEMPS
Halte au foutage de gueule du CPA !
- NON à l’individualisation des droits des salariés !
- NON à la déresponsabilisation des employeurs !
Les Brigades du SCID sont en colère. Ça suffit de nous prendre pour des abrutis.
Depuis le début de l’année, date de son entrée en vigueur, le gouvernement nous rabat les oreilles avec le CPA, le Compte Personnel d’Activité.
Nous avons déjà consacré deux articles à ce dispositif (voir ces articles), présenté par François Hollande comme « la plus grande réforme de son quinquennat ».
Pour ceux qui l’auraient déjà oublié, François Hollande est notre Président de la République actuel. Il s’est bien foutu de nous pendant 5 ans et ce n’est pas fini.
Pourquoi sommes-nous très remontés contre le CPA ? Car nous pensons entrevoir ce qui se cache derrière les beaux effets d’annonce marketing.
Dans les deux articles précédents des Brigades du SCID, nous avons démontré que le CPA est un dispositif qui a été concocté par la CFDT, le MEDEF et le gouvernement «socialiste».
Nous avons décortiqué ce que contient le CPA et nous avons vu qu’il est question de l’étendre à toute l’Europe pour la rendre soi-disant plus «sociale» (sic).
Pardon, on s’est trompé d’image :
Donc l’histoire du CPA ne fait que commencer.
Le 13 mars dernier, la CFDT, l’UNSA et Terra Nova ont signé une note commune pour proposer d’élargir le CPA et le transformer en banque du temps (article du journal La Croix).
Arrêtons-nous un instant sur les personnes qui nous ont pondu ça.
Tout le monde connaît la CFDT et l’UNSA qui sont deux organisations dites «syndicales». Mais Terra Nova, c’est quoi ?
Terra Nova est une association ayant pour but de produire et de diffuser des solutions politiques innovantes en France et en Europe. Elle se définit elle-même comme un think tank (un réservoir à idées) «progressiste et indépendant».
Indépendant si on veut. On y trouve tout le gratin de l’élite oligarchique : des dirigeants de grosses boîtes, des financiers (BNP Paribas, Rothschild, tiens…), des socialistes et… des anciens dirigeants de la CFDT.
Par exemple, François Chérèque, qui a été Secrétaire général de la CFDT pendant 10 ans, a été Président du Conseil d’administration de Terra Nova de 2013 à 2016.
Dans le même temps, il était nommé inspecteur général des affaires sociales par le gouvernement socialiste qui lui offrait ainsi le statut de haut fonctionnaire.
Donc, tous ces gens qui se connaissent bien et se font des petites faveurs sympa (en se renvoyant l’ascenseur au moment voulu), réfléchissent ensemble et pondent des rapports pour dire quelle politique il faut mener en France et en Europe pour nous, le peuple.
On voit tous les jours à quel point ils se soucient du peuple.
Donc, Terra Nova, la CFDT et l’UNSA sont très emballés par le CPA et cherchent avec enthousiasme comment exploiter au maximum ce nouvel outil.
Ils veulent que le CPA devienne une « banque du temps ». A notre avis, le terme «banque» n’a pas été choisi au hasard.
L’article de La Croix commence ainsi :
«Qui n’a jamais rêvé un jour de pouvoir lever le pied pour s’occuper d’un enfant ou d’un parent malade ? De partir en formation pour entamer une reconversion professionnelle ou de se lancer dans la création de sa propre entreprise ? Bref, d’interrompre un moment sa vie de salarié… tout en étant rémunéré.»
Oui, le rêve ! Et qui va le réaliser pour nous ? Réponse : le CPA.
Et d’expliquer : «Le CPA pourrait devenir une sorte de compte épargne temps universel, avance Vanessa
Déjà là, ça sent mauvais. Décortiquons.
Ce que nous appelons les RTT (réduction du temps de travail) sont des jours de récupération pris parce que vous avez travaillé plus de 35H, sans être payé(e) en heures supplémentaires majorées.
Les RTT permettent donc déjà aux employeurs de vous faire récupérer, sans majoration, le temps travaillé au-delà de la durée légale.
Donc, si vous mettez vos RTT sur un compte épargne temps universel, cela ne coûte rien à l’employeur à court terme et il n’en est pas responsable. Puisque vous pouvez garder ce compteur d’un emploi à l’autre.
En clair, vous travaillerez par exemple 39H, payées 35H et vous stockerez des heures, des jours sur votre CPA en attendant de les utiliser… un jour.
Pour ce qui est des congés payés, la loi est claire : ils ont vocation à être pris, ça s’appelle le droit au repos.
Et c’est une obligation lourde qui pèse sur l’employeur : il doit veiller à ce que vous preniez vos congés pour préserver votre santé. Il a même une obligation de RÉSULTATS en la matière. Et ça peut lui coûter cher, par exemple si vous avez un accident du travail alors que vous n’avez pas pris vos congés (excès de fatigue).
C’est-à-dire que l’employeur ne peut pas vous dire : ça ne m’arrange pas que vous preniez vos congés, je vais plutôt vous les payer. Encore une fois, il s’agit de préserver votre santé, d’avoir un droit au repos garanti.
C’est d’autant plus crucial dans un contexte de travail de plus en plus tendu, avec des cas d’épuisement professionnel qui explosent. Voir notre article sur le burn out.
Or, Terra Nova, la CFDT et l’UNSA souhaitent eux, que ces droits acquis puissent être convertis en unités monétaires, donc payés au lieu d’être pris. Le titulaire du CPA pourrait ensuite les mobiliser pour un projet personnel. C’est ce qu’ils appellent la banque du temps.
Ils expliquent :
«Une négociation interprofessionnelle déterminerait le nombre et la nature des congés susceptibles d’être épargnés, précise la note. (…) Elle donnerait aussi un cadre pour les conditions l’utilisation de ces jours et notamment les délais de prévenance de l’employeur.»
Et là attention, ils nous prennent vraiment pour des demeurés :
«Mieux concilier vie professionnelle et personnelle apporte du bien-être aux salariés, assure Vanessa Jereb. C’est important, notamment dans un contexte où les augmentations de salaire ne sont pas possibles partout.»
Alors non seulement, vous ne prendrez plus vos congés (sur la base du volontariat bien sûr), mais en plus cela se substituera à des augmentations de votre salaire !
Donc, vous devrez transformer vos congés en salaire pour pouvoir gagner plus.
Autre avantage mis en exergue par l’article, les employeurs seraient déresponsabilisés :« La gestion de ces comptes épargne temps, très lourde pour ces entreprises, serait externalisée ».
Donc on retrouve les deux aspects sombres du CPA que nous avons déjà évoqués dans nos précédents articles : des droits individuels qui remplacent des droits collectifs garantis ET la déresponsabilisation des employeurs.
C’est-à-dire transférer les obligations des employeurs sur les salariés, qui doivent se débrouiller tout seul avec ça.
C’est-à-dire exonérer les employeurs de devoir négocier des nouveaux droits pour les salariés : le congé rémunéré pour enfant malade peut aujourd’hui être négocié et être pris en charge par l’employeur.
Demain, vous vous démerderez avec votre CPA.
Et le gouvernement ne s’arrêtera pas là, car le CPA a été conçu dès l’origine comme un dispositif évolutif. «Nous sommes face à une page blanche, assure Vanessa Jereb. Tout est à inventer.»
Ils sont ravis.
Nous allons bientôt pleurer.
Mais qu’est-ce qu’on attend pour les virer ?
A SUIVRE… JEUDI 23 MARS
Épisode 8 : Le CPA vous offre le permis de conduire !
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