Épisode 8 : LE CPA VOUS OFFRE LE PERMIS DE CONDUIRE !
Les Brigades du SCID, Saison 1 : la première série sociale uniquement sur Internet et les réseaux sociaux.
LE CPA VOUS OFFRE LE PERMIS DE CONDUIRE !
C’est le dernier effet d’annonce sociale en date du gouvernement : depuis le 15 mars, il est possible de financer son permis de conduire avec votre CPF, le Compte Personnel de Formation qui remplace le DIF.
Le CPF fait partie du CPA (Compte Personnel d’Activité), présenté par le gouvernement Hollande comme « la plus grande réforme sociale du quinquennat ».
Voir nos articles précédents qui expliquent tout ça : Les brigades du SCID
Financer le permis de conduire, qui est TRES CHER, avec un compte personnel de formation, ça a vraiment l’air d’être une bonne idée.
Car passer le permis B aujourd’hui, c’est hors de prix. A la louche, entre 1000 et 2000 euros selon les endroits et les formules.
Un luxe qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.
D’ailleurs on se demande ce qu’attend le gouvernement pour remettre un peu d’égalité dans tout ça et permettre à tout le monde, quels que soient ses revenus et sa situation, de passer le permis de conduire.
Vous allez nous dire : c’est un autre sujet. Vous avez raison.
Revenons à notre CPF qui permet soi-disant de payer ce fameux permis.
Comme le diable est dans les détails et qu’on se méfie d’emblée de tout ce qui vient de la loi travail (chacun ses préjugés), on a demandé aux Brigades de décortiquer ce machin.
Déjà, rappelons que le compte personnel de formation sert à cumuler un certain nombre d’heures tout au long de la vie professionnelle (plafonné à 150H). Des heures que vous pourrez un jour décider d’utiliser pour suivre une formation.
Au sujet du financement du permis de conduire, notre ministre préférée du travail, Myriam El Khomri a déclaré : « Aujourd’hui, la mobilité est devenue un véritable enjeu pour l’insertion professionnelle : dans certains territoires, le permis de conduire est un véritable permis de travailler, notamment pour les jeunes ».
Quand on lit ça, on se dit : c’est génial ! Les jeunes vont enfin pouvoir financer leur permis de conduire ! Ce qui va les rendre plus autonomes et les aider à trouver un travail.
Car:
- « le jeune » qui n’a jamais travaillé, n’a jamais cumulé d’heures de formation.
- « Le jeune » qui n’a jamais ou qui a peu travaillé ne pourra pas s’offrir son permis B avec le CPF puisque celui-ci est vide.
Encore une déclaration à côté de la plaque, bravo Myriam.
Donc qui pourra utiliser son CPF pour passer le permis B ?
- l’obtention du permis doit contribuer à la réalisation d’un projet professionnel ou favoriser la sécurisation du parcours professionnel de l’actif,
- la formation devra être organisée par une école de conduite agréée et ayant la qualité d’organisme de formation.
En fait, les heures que vous cumulez sur votre CPF peuvent être utilisées pour suivre une formation, à condition que la dite formation soit répertoriée sur une liste spéciale. Les formations de cette liste sont dites « éligibles » au CPF.
Donc, la loi a ajouté le permis de conduire B (code et conduite) sur cette liste de formations éligibles au CPF. Tout simplement.
Mais cela veut dire que l’école de conduite que vous choisirez devra « avoir procédé à la déclaration d’activité prévue par le code du travail pour les organismes de formation et, d’autre part, respecter les critères permettant de s’assurer de la qualité des actions de formation et être inscrits par les organismes financeurs dans leur catalogue de référence » (extrait décret).
Donc si par hasard vous remplissez les critères ci dessus, il faudra en plus que vous vérifiiez que l’auto-école choisie remplit tous les critères.
Ensuite, qu’en est-il de la condition n°1 : l’obtention du permis doit contribuer à la réalisation d’un projet professionnel ou favoriser le maintien dans l’emploi ?
Tout ce que l’on sait, c’est que le respect de cette condition sera vérifié par les opérateurs du « conseil en évolution professionnelle » (CEP).
C’est qui celui-là ? Sur le site du gouvernement, vous pouvez lire que c’est « une offre de services en information, en conseil et en accompagnement personnalisés de projets d’évolution professionnelle. Elle est gratuite, confidentielle et accessible à chaque actif. »
Pour en bénéficier, vous devez vous adresser (sur votre temps libre bien sûr) à l’un des opérateurs CEP prévus par la loi :
- à un OPACIF (Organisme Paritaire Agréé au titre du Congé Individuel de Formation) ;
- à Pôle emploi ;
- à l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) ;
- à la mission locale ;
- à Cap emploi ;
- ou encore à l’un des opérateurs régionaux désignés par la région.
ALORS BONNE CHANCE !!!
On vous passe les détails sur :
- est-ce que je peut le faire sur mon temps de travail ou pas ?
- la possibilité de compléter le CPF avec un CIF ?
- 1H de CPF est-elle égale à 1H de permis ?
- le rapport avec la pénibilité, etc.
Si vous voulez passer votre permis, allez voir votre service du personnel qui pourra (peut-être) vous aider.
Vous pouvez aussi devenir adhérent(e) du SCID, si ce n’est pas déjà fait, pour bénéficier de nos précieux conseils personnalisés.
Globalement, vous noterez que cette mesure qui doit coûter très cher (surtout en communication parce que ça y va) est très compliquée, ne servira à rien pour les jeunes et ne servira pas à grand chose non plus pour les autres.
Sauf évidement si vous êtes enfant de l’élite (député par exemple), dans ce cas un conseiller parlementaire pourra faire les démarches à votre place. Ou vous faire passer le permis gratos, sommes-nous bêtes. Ce genre de démarches compliquées et fastidieuses, c’est pour le peuple.
Vous trouvez ça absurde ? Nous aussi et on en a vraiment marre d’être pris pour des CONS.
Prenez par exemple la condition requise qui dit que le permis doit permettre le « maintien dans l’emploi ». Nous l’avons déjà expliqué dans nos précédents articles : c’est l’employeur qui doit garantir votre employabilité et donc votre capacité à garder votre emploi en cas d’évolution de votre poste. Ce n’est pas au salarié de se débrouiller comme il peut avec les petits moyens qu’on a la condescendance de lui « offrir » au bout de plusieurs années de travail.
Nous le disons et le répétons, nous pensons que le CPA est une vaste fumisterie qui a vocation à :
- individualiser les droits des salariés (ce qui les isolera et les rendra plus vulnérables),
- déresponsabiliser les employeurs,
- reporter des coûts qui pesaient sur l’employeur sur d’autres organismes,
Les Brigades du SCID militent en permanence pour garantir des droits collectifs plutôt que des droits individuels et pour responsabiliser les employeurs qui sont les premiers acteurs de la vie économique de notre pays.
A SUIVRE… JEUDI 30 MARS
Épisode 9 : Nouvel épisode des Brigades du SCID
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