Quand le SCID rentre en ACTION
Action est une chaîne néerlandaise de plus de 1000 magasins implantés aux Pays-Bas, en Belgique, en France, en Allemagne, au Luxembourg, en Autriche et en Pologne.
Rien qu’en France, Action compte 8400 salariés, 450 magasins et en ouvre des dizaines de nouveaux par an. Ça pousse comme des champignons.
Leur truc : mélanger des produits de décoration, d’entretien, de bricolage, de loisirs, de maison, alimentaires… à des prix hard discount.
Comme toutes les boîtes du genre, Action affiche des valeurs nobles et respectables, à la fois sociales et écolo.
D’ailleurs quand on arrive au siège à Paris, ça en impose, c’est classe.
Des matières naturelles, des plantes… A l’extérieur, y’a même un petit simili de canal, avec des roseaux et un joli trompe-l’œil, où les salariés peuvent s’abandonner le temps d’une pause.
Notre œil aguerri remarque au passage que les salariés du siège sont mieux lotis que les salariés des magasins qui, pour certains, n’ont pas de pause du tout et ne bénéficient pas du même confort. On y reviendra plus bas.
Mais bon, ce n’est pas leur faute, après tout, aux salariés du siège.
Donc, nous on arrive là-dedans pétris de bonnes intentions.
Pressés de négocier et d’échanger de façon loyale et constructive avec une direction hospitalière et bienveillante, à l’écoute.
Alors oui, la direction est très prévenante et très à l’écoute de « ses » syndicats maison. Ceux qui signent complaisamment les accords, sans emmerder le monde avec des considérations sociales. Chez Action : la CFDT et la CGC, pour ne pas les nommer.
Mais alors avec nous, par contre….
Sas de sécurité, vigile et direction qui nous barrent l’entrée, demande de pièces d’identité, présence d’un huissier qui fait du zèle et nous somme de présenter sur le champ nos mandats et nos statuts, sous peine de nous mettre dehors.
Quel accueil.
Et pourtant Action nous connait puisque nous sommes implantés dans l’entreprise et que nous avons désigné un représentant.
C’est pas très sympa. Même si on est habitués à être LE syndicat non grata, celui qui dérange et bouleverse les petites habitudes. On finit par rentrer.
Objet de la réunion : définir les modalités des prochaines élections des représentants du personnel.
Là, on feuillette le projet de la direction. Et on s’arrête net à la page de la répartition des sièges.
Oh la vache ! On a jamais vu ça. Et pourtant, on en fait des négo… On comprend mieux pourquoi la direction ne voulait pas qu’on participe à la réunion. Ce projet-là, on va s’y opposer, avec nous il ne passera pas.
Pour la faire courte, la direction, en étroite collaboration avec ses syndicats maison représentés exclusivement par des cadres, veut justement filer presque tous les sièges de représentants du personnel… aux cadres. Alors qu’il ne représente que 7% de l’effectif.
On nage en plein délire. La loi prévoit que le nombre des représentants de chaque collège (employés, agents de maîtrise, cadres) corresponde à la proportion de ces mêmes collèges dans l’effectif.
Si les employés représentent plus de 70% de l’effectif (ce qui est le cas chez Action), les représentants EMPLOYES doivent peser le même poids dans le futur Comité Social et Économique, qui remplace le CE, les DP, le CHSCT.
On regarde la direction : « Ça va pas non ? C’est quoi vos arguments pour justifier une telle répartition ? »
Réponse de la direction : « Toutes les actions qui ont été menées ces dernières années l’ont été par des représentants cadres et ça s’est très bien passé ».
Tu m’étonnes. Il ne s’est rien passé.
Nous : « Mais quel mépris pour les employés, vous n’avez pas honte ? »
La direction : « La population des employés subit un turn-over important, elle n’est pas stable ».
On rêve. Les employés ne restent pas chez Action parce qu’ils sont maltraités ou foutus dehors et, à ce titre, ils ne méritent pas d’avoir des représentants.
D’habitude, les directions font un peu semblant et n’affichent pas un tel mépris totalement décomplexé.
Nous avons donc bloqué ce projet ubuesque en saisissant l’Inspection du travail qui tranchera en faveur de la loi. Heureusement qu’on était là, sinon ça passait tranquille.
La direction va devoir revoir ses petits projets d’entre soi et les syndicalistes vendus pourraient bien ne pas tous être réélus, faute de sièges. Panique à bord.
Bon, quand on a dit plus haut qu’on arrivait au siège pétris de bonnes intentions envers la direction, c’était pas tout à fait vrai… Nous on veut tout changer chez Action.
Car en allant à la rencontre des salariés, on a vite constaté que la société Action France imposait à ses salariés des rémunérations et des conditions de travail aussi hard discount que ses produits :
- Des bas salaires
- Pas de 13ème mois
- Pas de tickets restaurant
- Pas de subrogation en cas d’arrêt maladie, d’accident du travail… Ce qui veut dire que l’employeur ne paie pas le salaire au salarié en arrêt. Dans ce cas, c’est la Sécu qui verse les indemnités journalières (IJ), si et seulement si l’employeur lui envoie les attestations de salaires. Or Action met parfois DES MOIS à les envoyer. Des salariés restent donc DES MOIS sans revenus, on a de nombreux exemples. En fait, chez Action, vous n’avez pas intérêt à tomber malade
- Des obligations de rendement de plus en plus fortes, des salariés sont mêmes chronométrés
- Du personnel en sous-effectif pour tout faire, certains ne peuvent même pas prendre leur pause
- Une logistique désorganisée, des camions de marchandises qui arrivent en même temps et des salariés qui doivent se démerder avec ça
- Une volonté d’étendre les horaires, d’ouvrir tous les dimanches
- Du stress, du harcèlement, de la souffrance au travail et une direction qui cautionne
Etc.
Donc des salariés maltraités, alors que l’entreprise est en pleine expansion et réalise des taux de croissance à deux chiffres.
Action France a réalisé un bénéfice net de 15,2 millions d’euros en 2017, qui a dû au moins doubler en 2018 vu le nombre de magasins ouverts.
Ça va. Et nous ne parlons pas de la discrimination syndicale sévère que nous subissons depuis notre arrivée chez Action. La direction et ses syndicats collabos nous détestent, nous perturbons leur petit ronron tranquille et leurs beaux projets pour les 4 prochaines années.
Il faut que ça change chez Action, les salariés en ont ras-le-bol des syndicats qui ne font rien et qui cherchent juste à défendre leurs petits privilèges.
Il est temps de rétablir de vrais contre-pouvoirs. Il est urgent de défendre l’intérêt général des salariés et de revendiquer de nouveaux droits.
C’est bientôt les élections, c’est le moment ! Sinon, les choses vont empirer les 4 prochaines années.
Nous cherchons des candidats qui partagent nos valeurs et nos convictions, dans toute la France.
Si vous êtes salarié(e) chez Action, employé(e), cadre ou agent de maîtrise et que vous voulez que ça change dans votre entreprise, contactez-nous !
01 53 43 94 55 / 07 81 27 13 68
secretariat@syndicat-commerce.fr
Le SCID : pour remettre l’humain au centre des décisions
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