Home Grande distribution LIDL : le dialogue social à la schlague

LIDL : le dialogue social à la schlague

0
LIDL

LIDL : le dialogue social à la schlague

Lidl est une chaîne de supermarchés, à l’origine hard discount, implantée dans 30 pays dans le monde.

Elle appartient au groupe allemand Schwarz qui représente quand-même le 4ème plus grand détaillant mondial en termes de revenus.

On n’est donc pas dans de la petite entreprise.

Et ça se voit quand on arrive au siège, à Rungis. C’est grand, c’est cossu, avec des salles de réunion impressionnantes toutes équipées avec de la moquette, des micros, des écrans géants, un bar…

C’est d’ailleurs dans la salle « Deluxe » (sans rire), qu’on s’est rendus pour aller négocier le protocole de mise en place des élections des représentants du personnel.

Déjà, vous sentez bien le décalage entre l’opulence du siège et les conditions de travail de merde qu’on voit dans les magasins. Un peu choquant, vous ne trouvez pas ?

salle « Deluxe »

Alors nous, ce qu’on aime bien faire dans ce genre de boîtes, c’est débarquer sans prévenir. Pour bouleverser un peu l’ordre établi. Et quand on fait ça, ça énerve tout le monde.

Car il y a des règles non écrites scrupuleusement respectées dans ces grandes entreprises. Des règles qui, nous, nous agacent.

La direction et les partenaires sociaux se connaissent bien et échangent en bonne intelligence. Les organisations syndicales préviennent en amont de leur venue et des membres de leur délégation. Tout est bien ordonné, prévu, préparé. Pas de vague, pas de surprise. Y’avait même des petits cartons à chaque place indiquant le nom des participants et donc l’endroit où ils doivent s’asseoir…

Hou là là. C’est pas du tout comme ça qu’on envisage le rapport de force syndical nous.

Donc on arrive. Malaise palpable. Regards en coin entre la direction et certains partenaires sociaux, comme la CFDT par exemple.

Y’avait pas de petits cartons avec notre nom dessus. Y’avait pas de table libre pour qu’on puisse s’installer. Donc on s’est assis sur des chaises au milieu et on a attendu.


La direction : « Euh bonjour, vous êtes qui ? »

Nous : « Bonjour, le SCID. »

La direction : « Ah oui, vous avez des mandats pour négocier, des statuts ? »

Nous : « Oui oui bien sûr on a tout ça. »

La direction : « Très bien, vous pouvez nous les donner ? »

Nous : « Ça dépend, vous avez une imprimante ? »

Bon en principe à ce stade, les directions ont déjà compris à qui elles avaient affaire.

Donc de deux choses l’une, soit elles se la jouent cool, calme et décontractée, soit elles se la jouent autoritaire, on lâche rien.

Chez Lidl, la direction n’a manifestement pas pour habitude de lâcher quoi que ce soit.

C’est le dialogue social à la schlague.

Donc ça a duré un bon moment, ils ont essayé de nous intimider, de nous mettre mal à l’aise, on retardait tout le monde, on entravait la négociation tout ça. Sans effet.

Donc la direction a fini par sortir pour aller se renseigner sur nous. Et après il nous ont apporté une table.

On a pu s’installer et tout le monde s’est préparé pour, enfin, démarrer la réunion. Soulagement général. Les choses allaient pouvoir reprendre leur cours normal.

Sauf que là, on a posé un gilet jaune sur la table.

Stupeur dans la salle.

Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là. Hou là là.

La direction s’étrangle d’indignation et nous ordonne de retirer immédiatement ce « symbole politique qui n’a rien à faire dans l’enceinte de l’entreprise » (sic).

Évidemment, non seulement on refuse, mais en plus on l’enfile.

« Veuillez retirer votre gilet jaune! c’est interdit ici »

Outragée, la direction s’égosille, menace du doigt, prévient qu’elle est déterminée et qu’elle va annuler purement et simplement la réunion. C’est inadmissible, intolérable.

Nous lui faisons remarquer que c’est elle qui crée une situation de blocage pour un simple vêtement et que c’est elle qui en fait un débat politique.

A cours d’arguments, elle demande solennellement un tour de table des organisations syndicales pour prendre leur avis sur cette question de fond.

En l’absence de soutien unanime comme elle l’espérait, la direction décrète une suspension de séance et se retire fièrement dans ses bureaux pour prendre une décision.

Une bonne demi-heure se passe. Après quoi, elle revient et annonce du bout des lèvres que la réunion va malgré tout se tenir. Avec nous en gilets jaunes.

Malgré toutes ses menaces et gesticulations, la direction a lâché donc. Comme quoi.


Pourquoi est-ce qu’on fait ça ? Par simple provocation ? Non évidemment.

Parce qu’on veut rétablir un vrai rapport de force syndical dans les entreprises. Et aussi parce qu’on veut « réveiller » nos camarades des autres organisations syndicales qui sont pour certains beaucoup trop endormis et installés dans leur mandat.

Nous ne sommes pas là pour faire tapisserie, deviser poliment en réunion et signer sans broncher tous les accords de merde des directions.

Nous ne sommes pas là non plus pour nous battre entre nous, syndicalistes. Parce que, quand on fait ça, les directions sont tranquilles et ont le champ libre.

On ne doit pas se tromper d’adversaire et perdre de vue notre mission : défendre par tous moyens les intérêts des salariés.

Nous ne sommes pas des partenaires des directions, mais un contre-pouvoir. Et aujourd’hui, plus que jamais, les salariés en ont besoin pour être respectés et défendus.


Les élections professionnelles auront lieu en mai prochain chez Lidl et nous cherchons des candidats qui partagent nos valeurs et nos convictions. Dans toute la France.

Si vous êtes salarié(e) chez Lidl, employé(e), cadre ou agent de maîtrise et que vous voulez faire changer les choses, appelez-nous :

01 53 43 94 55

ou

07 81 27 13 68


Le SCID : pour remettre l’humain au centre des décisions.

Quitter la version mobile