Les patrons des Monoprix parisiens se sont mis en mode lobbying pour ouvrir leurs magasins la nuit car ils l’ont mauvaise, très mauvaise… Pourquoi ? Car depuis l’arrêt de la cour d’appel du 7 septembre dernier, ils ont interdiction de faire travailler des salariés après 21H, sous astreinte de 30 000 euros par infraction constatée.
Parce que c’est illégal.
C’est un camouflet intolérable pour les patrons de ces Monoprix qui ouvraient allègrement depuis des années jusqu’à 22H et plus dans la capitale.
Et naturellement, les autres enseignes (Carrefour, Franprix…) qui ouvrent aussi au-delà de 21H à Paris commencent à flipper.
C’est l’intersyndicale du CLIC P (dont nous faisons partie), qui avait saisi la justice sur ces ouvertures illégales et sur les conséquences pour les salariés. Nous avions perdu en 1ère instance, mais la cour d’appel nous a finalement donné raison.
Dans ce cas de figure, on a vécu la même chose lors de nos victoires sur les ouvertures dominicales, lorsque la justice sanctionnent les patrons qui ne respectent pas la loi, ces derniers font du lobbying intensif pour… changer la loi.
Et une fois de plus ça n’a pas loupé, une pétition à l’intention de Macron et du gouvernement a fleuri sur le site www.change.org :
«Salariés et clients, mobilisons-nous pour l’ouverture des Monoprix jusqu’à 22H»
Cette pétition, reprise telle quelle dans la presse (complice), laisse à penser que :
- les ouvertures des commerces jusqu’à 22H sont légales,
- ce sont les salariés et les clients qui se mobilisent pour rétablir les ouvertures des Monoprix jusqu’à 22H,
- que nous (les syndicats du CLIC P) agissons par pur dogmatisme pour empêcher les salariés de travailler aux horaires « qui leur conviennent le mieux » !
Il convient de rétablir la vérité et d’être un peu sérieux. Arrêtons le lobbying !
- Le travail de nuit est strictement encadré par la loi et doit être justifié. Or, la justice a tranché : « les besoins de la clientèle » avancés par Monoprix ne justifient pas le travail de nuit. Il est donc illégal en l’espèce.
- Cette pétition a été initiée par Lionel CUFFET, directeur du Monoprix Passy Plaza et membre de la Fondation Monoprix. Il s’agit donc bien d’une initiative patronale.
- Nous avons saisi la justice car Monoprix ouvrait en toute illégalité et que les compensations pour les salariés étaient dérisoires et bien inférieures à la loi. Monoprix obligeait ainsi des salariés (en majorité des femmes) à rentrer chez eux à 22H30 ou plus. Car avec un salaire Monoprix, on n’a pas les moyens d’habiter à Paris. Par ailleurs, Monoprix exerçait une concurrence déloyale avec les petits commerces et les artisans qui, eux, respectent la loi et ferment avant 21H.
Que des salariés aient signé cette pétition, nous n’en doutons pas. Car quand votre directeur vous demande de signer une pétition, il est difficile de refuser.
En outre, suite à l’arrêt de la cour d’appel, la direction de Monoprix a diffusé une communication très anxiogène à ses salariés dans le but évident de leur faire peur.
Cette communication affirmait entre autres que « 1600 collaborateurs seraient directement concernés » et que la direction ne pourrait « que constater, dans les mois à venir, un impact défavorable sur les performances économiques de l’entreprise sur lesquelles sont calculés la POP, l’intéressement, la participation et plus globalement le pouvoir d’achat de nos collaborateurs.»
Cette communication (ou ce lobbying comme vous voulez), est déloyale car une entreprise ne peut pas licencier de salariés parce qu’elle se met en conformité avec la loi.
En outre, Monoprix oublie de dire que les compensations prévues pour les travailleurs de nuit étaient ridicules et bien inférieures à ce que prévoit la loi (comme un sandwich par exemple…).
Monoprix a déjà communiqué sur le fait que « ses syndicats » allaient probablement signer un nouvel accord pour permettre d’ouvrir la nuit. Nous espérons que ces syndicats ne feront rien de tel.
Nous, syndicats du CLIC P, ne sommes pas là pour accompagner les régressions sociales. Nous sommes là pour protéger l’intérêt général des salariés dans la durée et pour revendiquer de nouveaux droits améliorant leur qualité de vie.
Si les salaires étaient décents dans le commerce, les salariés n’auraient nul besoin de travailler la nuit pour (sur)vivre.
Augmentons les salaires, pas les horaires !
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