Délits et répressions chez Carrefour ?
On voulait écrire « Crimes et Châtiments chez Carrefour », qui sonnait beaucoup mieux, mais on s’est dit qu’ils étaient capables (chez Carrefour) de nous attaquer pour diffamation…
C’est que le puissant groupe Carrefour ne perd pas une occasion de nous attaquer, nous en tant que syndicat ou nos militants dans les boîtes. Pour nous épuiser, moralement et financièrement. Vous nous direz, l’entreprise en a les moyens.
C’est vrai, le groupe Carrefour est un monstre : 5ème plus grande multinationale de France, 6ème groupe de grande distribution dans le monde, 12 000 magasins et 384 000 salariés dans plus de 30 pays, 103,7 milliards de chiffres d’affaires sous enseigne.
Depuis juillet 2017, c’est Alexandre BOMPARD qui préside le groupe Carrefour. Il était auparavant PDG de la Fnac où les syndicats se sont accordés pour dire qu’il avait fait beaucoup de casse sociale….
Va-t-il faire la même chose à Carrefour ? C’est la question que l’on se pose.
Son cahier des charges est bien rempli et un plan d’économie d’ampleur de 1 milliard d’euros sur 3 ans a déjà été annoncé. De massives suppressions d’emplois sont prévues, que ce soit dans les magasins pas assez rentables, au siège où les fonctions seront centralisées ou dans les entrepôts en train d’être robotisés.
Nous craignons donc qu’Alexandre BOMPARD ne soit là pour mener une politique ultra offensive d’optimisation des coûts, dans le seul but d’augmenter la rentabilité des actionnaires.
Il pourrait pour cela utiliser plusieurs leviers, dont celui d’appliquer une politique ressources (in)humaines particulièrement agressive : suppressions de postes, transformation des métiers, passage de magasins en franchise, robotisation, numérisation…
Avec pour conséquences des salariés sous haute pression et dont le pouvoir d’achat et les conditions de travail vont encore plus se dégrader.
Et c’est de ce contexte que tombent les ordonnances Macron. Des ordonnances qui affaiblissent considérablement et dangereusement le contre-pouvoir syndical dans l’entreprise.
Les salariés seront donc moins protégés (déjà qu’ils ne l’étaient pas suffisamment), le rapport de force devient quasiment inexistant. Le patron aura les coudées franches pour faire exactement ce qu’il veut.
Le fait de fusionner les trois instances historiques DP, CE et CHSCT en une seule (le nouveau CSE, Comité Social et Économique) fait qu’il y aura moins d’élus et donc moins de places à prendre pour les organisations syndicales.
Du coup, c’est déjà la guerre. La plupart des organisations syndicales – au lieu de s’unir pour lutter sans relâche contre cette régression sociale incroyable – se battent entre elles dans les boîtes pour avoir les places qui restent et la représentativité qui va avec.
Naturellement, pendant ce temps, les patrons se frottent les mains. Et vous pouvez imaginer à quel point, nous le SCID, sommes un syndicat qui dérange.
D’abord parce que nous sommes indépendants et parce que notre organisation est horizontale : c’est la base qui décide. Or, les grands patrons sont habitués à avoir des correspondants privilégiés au sein des organisations syndicales, des confédéraux ou des fédéraux qui sont « à l’écoute » et qui peuvent, si besoin, calmer les troupes, retirer des mandats à des militants trop revendicatifs…
Ça nous est arrivé à nous, on sait de quoi on parle.
Ensuite, les patrons nous détestent car nous sommes un syndicat de lutte. Nos positions sont claires et nous avons des lignes rouges non négociables dès lors que les droits et les libertés des salariés sont attaqués.
Par exemple, nous n’aurions JAMAIS accepté d’aller négocier les ordonnances Macron !
C’est dans ce contexte difficile que nous nous implantons dans les boîtes. Notamment, dans le groupe Carrefour. Des militants convaincus, de tous horizons, nous rejoignent et continuent courageusement le combat à nos côtés.
Courageusement oui, car le SCID est LE syndicat non grata. Et Carrefour (comme d’autres boîtes, ils ne sont pas les seuls !) ne rate pas une occasion de nous le rappeler.
Comme nous le disions plus haut, la stratégie des grands groupes est de nous épuiser financièrement et moralement.
Financièrement en contestant systématiquement nos mandats en justice. Se défendre coûte des frais d’avocats, de déplacements… et ça use aussi les militants qui voient leur légitimité mise en cause.
Mais le groupe Carrefour devrait se méfier, cela peut se retourner contre lui. Car à force de multiplier les procédures contre le SCID, et seulement contre le SCID, il risque de se faire condamner pour discrimination et procédures abusives.
Que nos adhérents se rassurent : nous sommes habitués, cela ne nous impressionne pas et n’altère en rien notre détermination. Nous irons au tribunal autant de fois que cela sera nécessaire.
Le second levier de Carrefour et d’épuiser les militants individuellement. Et ça, c’est méchant, sournois, perfide… C’est la vieille méthode du harcèlement, de la discrimination.
Nos militants sont d’abord caricaturés, isolés et stigmatisés : il faut s’en méfier, ne pas leur parler, ne pas être vu en leur compagnie. On dit aux salariés qu’ils devraient changer de fréquentation, que ce n’est pas bon pour eux, que le militant du SCID « fout le bordel » (sic).
Des militants du SCID sont traités différemment des autres salariés, des autres militants. Ils n’ont pas les mêmes horaires, leurs primes sont revues à la baisse.
Des militants du SCID chez Carrefour ont été convoqués, ont reçu des courriers recommandés. Certains sont particulièrement savoureux, comme celui d’un Président de CE qui reproche à l’une de nos élus par écrit et à la demande des autres organisations syndicales (!) de «couper la parole des différents interlocuteurs (…)» en réunion de CE.
Le Président du CE ordonne à notre élue «de faire preuve de la plus grande vigilance dans ses relations à venir avec les membres des instances représentatives». Et de menacer : «nous ne saurions tolérer un comportement agressif, ou encore vexatoire, qui serait susceptible de perturber significativement la tenue des réunions.».
Donc soit notre élue applaudit des deux mains la bonne parole patronale en réunion, soit quoi ? Elle sera virée ? C’est évidemment le message.
Il y a bien sûr les tentatives pour acheter des militants. De très gros chèques peuvent ainsi sortir du chapeau lors d’un entretien informel. Ou des offres de promotions. Nous avons de nombreux exemples et ce qui est frappant, c’est l’incompréhension totale des patrons lorsque leurs offres mirobolantes sont refusées.
Car pour eux, tout à un prix, tout s’achète. Ils ne comprennent tout simplement pas l’inverse.
Et puis il y a ce que nous qualifions de fraude pure et simple. Des responsables RH qui n’hésitent pas à falsifier une liste électorale, avec la complicité d’une autre organisation syndicale, pour que le SCID ne gagne pas la représentativité aux élections professionnelles.
C’est une histoire absolument véridique et nous avons toutes les pièces en notre possession.
Dans cette affaire, nous avons saisi la Cour de Justice de l’Union Européenne car, malgré l’évidence de l’affaire, les tribunaux français ne nous en pas donné raison. C’est que le groupe Carrefour est très puissant… Malgré cela, nous irons jusqu’au bout pour que justice soit faite.
Toutes ces difficultés, nous sommes prêts à les affronter et à les surmonter. Et plus nous serons nombreux, plus nous serons forts.
Nous mettons tous nos moyens au service de nos militants dans les boîtes et nous gardons – quoi qu’il arrive – toujours le même cap et le même objectif : remettre l’humain au centre des décisions.
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