A l’heure où nous écrivons ces lignes, on apprend (comme si on ne le savait pas déjà) que les plus grandes fortunes du monde, qu’il s’agisse de personnalités ou de multinationales, échappent aux impôts en tous genres en planquant leur argent dans des paradis fiscaux, grâce à des montages financiers très sophistiqués.
Et ça représente 350 milliards d’euros de détournement ! De 60 à 80 milliards rien que pour la France.
Des milliards qui, au lieu de servir l’intérêt général et la solidarité entre les hommes, vont tout droit dans la poche de quelques-uns, pour servir leurs intérêts privés.
Tout cela est révoltant et il faut le dénoncer sans relâche. Bravo à tous ceux qui s’y collent.
Mais de grâce, que la grosse majorité des médias et des politiques complices ne fasse pas mine de le découvrir. Qu’ils arrêtent de s’en offusquer, de s’étrangler comme si la chose les choquait. Qu’ils arrêtent de se foutre de nous.
Tout cela n’est pas nouveau, personne ne le découvre. Tout cela est la plupart du temps parfaitement légal car ceux qui font les lois sont aussi ceux qui en bénéficient.
Alors comment y mettre fin ?
Sur le papier, c’est très simple, il faut sortir de la dictature mondiale de la finance et mettre en place de nouveaux systèmes de gouvernement et des nouvelles lois, humanistes, écologistes et pacifistes.
Voilà, voilà.
Dans la pratique… On fait comment ? Impossible n’est pas français, comme on dit !
Alors, pour commencer, voyons un peu ce qui se passe en France justement.
Bah ça correspond à ce qui se passe dans le monde. Ce sont les intérêts des plus riches qui sont servis, et copieusement.
Depuis l’élection de Macron, on assiste même à une nette accélération des attaques contre les plus pauvres, les plus fragiles, les plus précarisés :
- suppression des contrats aidés,
- suppression de la prime d’activité des invalides,
- amputation des aides au logement,
- hausse de la CSG pour les retraités,
- recul historique des droits des salariés,
- stigmatisation des chômeurs qui s’installeraient dans le confort,
- traque des arrêts maladie qui seraient autant de fraudes,
- asphyxie des services publics qui coûteraient trop cher,
- traitement inhumain des réfugiés qui fuient la misère et la mort, etc. etc.
Et en même temps, Macron fait de gros cadeaux aux plus riches : suppression de l’impôt sur la fortune, CICE, réforme de la taxation du capital, la « flat tax »… Des mesures qui vont bénéficier aux riches, aux très riches même.
Beaucoup de gens ne sont pas dupes et comprennent parfaitement ce qui se passe. Beaucoup de gens sont dégoûtés. Et pourtant, beaucoup cèdent à la résignation et sont tentés par le repli individualiste.
Naturellement, nous qui sommes des syndicalistes – et des syndicalistes de lutte – nous sommes convaincus qu’il ne faut ni se résigner, ni rester tout seul dans son coin.
Nous sommes convaincus qu’en rassemblant nos forces et nos intelligences, nous sommes capables de beaucoup. C’est pour ça que nous avons rejoint le Front Social qui est une convergence des luttes. C’est pour ça que nous avons co fondé le CLIC P, une intersyndicale du commerce qui tient depuis 7 ans et qui obtient de nombreux résultats contre les patrons qui ouvrent illégalement le dimanche, la nuit, les jours fériés.
On nous répond souvent : c’est bien beau tout ça, mais pour changer la politique du pays, il faut plus que de petits rassemblements, plus que des manifs d’une journée par-ci, une journée par-là, plus que des gens qui s’indignent aux micros des médias…
Oui, c’est vrai, il faut plus.
Il faut taper – et fort – là où ça fait mal.
On a une petite idée, nous. Une idée simple et pas nouvelle en plus.
La grève.
On n’a pas trouvé mieux comme rapport de force – légal – entre les salariés et les gros patrons. Ça plombe leurs chiffres d’affaires, ça ruine leur image. Les deux trucs les plus importants pour eux.
Quand on fait une grève massive, bien relayée, au bon moment et au bon endroit, on obtient toujours des résultats.
Regardez l’Histoire. Ancienne ou récente d’ailleurs : les routiers et les dockers ont obtenu des aménagements des ordonnances Macron spécifiques pour eux. On en n’a pas beaucoup parlé évidemment. Mais la grève, les blocages, ça paye.
Et là, vous allez nous dire : la grève ouais super, mais de quoi on vit ? Quand on fait grève, on est pas payés !
Eh non, on est pas payés. Et quand on gagne le SMIC ou moins si on est à temps partiel, perdre ne serait-ce qu’une demi-journée de salaire, ça fait mal. On le sait, nous aussi on a des petits salaires.
Mais là aussi, il y a une solution.
Le syndicat.
On va vous expliquer notre façon de voir le syndicalisme et le rôle du syndicat.
Pour nous, adhérer à un syndicat, c’est avoir la volonté de faire partie d’un collectif. Parce que, comme nous le disions plus haut, on est plus forts et on fait plus peur aux patrons quand on est nombreux et rassemblés.
Adhérer à un syndicat, c’est aussi vouloir être mieux informés sur ses droits, ses libertés et ses recours contre les injustices, les abus et toutes les atteintes à la dignité que l’on peut subir dans le travail.
Enfin, adhérer à un syndicat, c’est vouloir être défendus quand c’est nécessaire par une structure organisée, militante et disposant de certains moyens.
Et c’est là qu’arrive notre solution pour pouvoir utiliser son droit de grève.
Le syndicat doit proposer à ses adhérents une caisse de grève.
C’est-à-dire que le syndicat doit constituer un fonds de soutien aux adhérents grévistes pour compenser leur perte de revenus en cas de retenue sur leur salaire. Ce fonds est alimenté par une part des cotisations des adhérents.
C’est tout à fait possible et c’est ce que nous avons décidé de faire, nous syndicat indépendant qui ne vivons QUE des cotisations de nos adhérents. Nous avons décidé de la mettre en place pour garantir à nos adhérents qui font grève de pouvoir défendre leurs droits.
C’est un cercle vertueux pour les adhérents et pour le syndicat.
Pour les adhérents car ils ont une garantie de soutien financier en cas de grève et que cela élèvera nécessairement le niveau d’exigence salariale dans les boîtes.
Pour le syndicat car cela l’oblige vis-à-vis de ses adhérents qui doivent rester fidèles et être de plus en plus nombreux pour que la force de frappe soit de plus en plus puissante.
La caisse de grève, c’est l’arme de résistance massive contre les politiques inhumaines au travail, contre les injustices sociales inacceptables de l’idéologie néo libérale.
La caisse de grève fait évidemment très peur aux patrons car maintenir des bas salaires ne suffira plus à contenir la contestation. Et cela peut aussi encourager les salariés à se syndiquer, donc à se rassembler, à être mieux informés, mieux défendus…
Le cauchemar pour les oligarques.
Maintenant on va poser une question qui fâche : pourquoi les grosses centrales syndicales, qui sont riches à millions, n’offrent-elles pas ce service à leurs adhérents pour les encourager à faire grève ? Pourquoi se prive-t-elle de cette force de frappe potentiellement considérable ?
La CFDT est la seule à communiquer sur une caisse de grève dont le montant est provisionné. Cette caisse de grève est proposée comme service aux adhérents dans le cadre de leur Caisse nationale d’action syndicale, la CNAS.
La CFDT publie même dans ses comptes en ligne le montant de la provision de la CNAS : près de 7 millions d’euros.
Pour ceux que ça intéresse : https://www.cfdt.fr/portail/nous-connaitre/nos-comptes/les-rapports-financiers/les-rapports-financiers-rec_102449
Dommage que la CFDT n’appelle pas plus souvent à la grève… Mais alors, que fait-elle de ses millions ?
D’autres centrales syndicales, dont la puissante CGT, font des appels aux dons pour compenser les pertes de salaires de leurs grévistes, pourtant adhérents. Pourquoi la CGT n’utilise-t-elle pas ses fonds propres pour aider les grévistes ?
De deux choses l’une, soit un syndicat collabore en « accompagnant » les régressions, en étant un « partenaire social », soit il lutte contre les injustices et les inégalités, pour le progrès social humain.
Nous nous situons dans la 2ème catégorie. Et nous refusons la corruption douce et légalisée qui consiste à encaisser des millions d’euros de subventions des patrons et de l’État pour ensuite accompagner docilement les régressions et contenir les contestations.
La lutte des classes n’est pas une vision de l’esprit, elle se déroule là, sous nos yeux. Avec Macron et sa clique, la précarité, la pauvreté et les inégalités s’aggraveront.
Il est urgent de réinventer un véritable contre-pouvoir libre, indépendant, efficace.
C’est notre objectif avec notre devise pour seule boussole : remettre l’intérêt général humain au centre des décisions.
Les commentaires sont fermés.