Intégration de Lafayette Gourmet au magasin Galeries Lafayette Haussmann :
la direction a-t-elle quelque chose à cacher ?
C’est la question que l’on peut se poser devant la susceptibilité exacerbée et les réactions disproportionnées de la direction sur le sujet.
Nous, représentants du SCID des Galeries Lafayette, sommes bien déterminés à remplir notre mission de défense des intérêts des salariés, quoi qu’il en coûte. Nous n’avons pas l’intention de céder aux pressions de la direction et des organisations syndicales complices.
Explications et petit rappel des faits :
Juridiquement, les Galeries Lafayette Haussmann, situées boulevard Haussmann à Paris, font partie de l’UES Haussmann (Unité Economique et Sociale). Le magasin alimentaire Lafayette Gourmet, situé en face sur le boulevard Haussmann, fait partie de la société MGL (Magasins Galeries Lafayette) qui comprend aussi les magasins de province.
Les Galeries Lafayette Haussmann et Lafayette Gourmet sont donc deux sociétés distinctes ayant chacune leurs propres accords d’entreprise.
Par exemple, l’accord permettant les ouvertures du dimanche signé en mai 2016 aux Galeries Lafayette Haussmann ne pouvait pas s’appliquer au Lafayette Gourmet…
En mars 2017, nous apprenons que la direction des Galeries Lafayette Haussmann envisage d’intégrer Lafayette Gourmet dans l’UES.
Le SCID a une section syndicale représentative au sein de Gourmet qui a eu ses élections professionnelles en octobre dernier. A aucun moment, notre délégué syndical du Lafayette Gourmet n’a été associé à la démarche de ce transfert.
Voici la chronologie des faits :
- Le 16 mars 2017, le délégué syndical CFDT envoie un courrier à la direction pour (nous citons) « alerter sur une situation qui est de plus en plus problématique, à savoir la différence de traitement entre le Lafayette Gourmet et le magasin Haussmann, alors qu’il partage les mêmes locaux. De nombreuses tensions sont apparues ces derniers temps entre les clients et les différents acteurs.Plus grave, les salariés du LG se sentent lésés par cette différence de traitement (accord du travail du dimanche, primes de fermeture, 13ème mois, etc.). Je vous demande de prendre en considération cette requête pour le bien-être des salariés du Gourmet et vous remercie d’avance d’ouvrir des négociations au plus vite. »
Traduction : selon ce délégué CFDT, les salariés de Gourmet (ET DES CLIENTS !!!) auraient demandé à bénéficier des mêmes avantages que les salariés Galeries Lafayette, dont les ouvertures du dimanche. Oui, car pour la CFDT des GL, travailler le dimanche contribue au «bien-être» des salariés. Autant vous dire que le SCID ne partage PAS DU TOUT cette vision du bien-être !
- Le 30 mars 2017, comme par hasard (2 semaines après le courrier de la CFDT), la direction des Galeries Lafayette Haussmann convoque les organisations syndicales représentatives de l’UES pour être (nous citons) «associées à notre réflexion et échanger sur l’étude en amont d’un projet de rapprochement de Lafayette Gourmet Haussmann au sein de la société Galeries Lafayette Haussmann».
Fichtre ! Ce n’est pas tous les jours qu’un délégué demande un truc d’une telle ampleur et qu’il voit ses vœux immédiatement exaucés par la direction ! Les représentants du SCID se demandent à ce moment-là si ce courrier de la CFDT n’a pas été tout bonnement dicté par les Ressources Humaines des Galeries Lafayette. C’est louche.
De son côté et dans le même temps, la direction de Lafayette Gourmet organise des réunions avec ses salariés pour connaitre leurs ressentis sur les différences de traitement qu’ils peuvent rencontrer entre les deux entités. La direction prépare tranquillement les esprits à une éventuelle intégration du Gourmet dans l’UES HAUSSMANN, en cachant cela au délégué du SCID qui est pourtant représentatif chez Gourmet.
Ce sont les organisations syndicales représentatives des Galeries Lafayette Haussmann (là où le SCID n’est pas encore représentatif) qui vont mener avec leur direction une série de réunions de négociation qui vont aboutir à la signature le 26 mai 2017 d’un accord de «Réflexion sur la méthodologie d’accompagnement d’un projet d’intégration de l’établissement Lafayette Gourmet au sein de l’UES GLH Haussmann».
Les organisations syndicales qui ont signées cet accord aux Galeries Lafayette Haussmann sont la CGT, la CFTC et (tiens !) la CFDT.
Si nous avions participé à ces réunions, nous aurions pu poser toutes les questions que ni la CGT, ni la CFTC, ni la CFTD n’ont pensé (bah tiens donc) à poser :
- Quels impacts sur l’emploi et les conditions de travail des salariés Galeries Lafayette de la Maison qui se trouvent dans le même bâtiment que Gourmet ?
- Quel avenir à terme pour ce secteur Maison dont le chiffre d’affaires est à la traîne par rapport à l’alimentaire ? Surtout quand on sait que le Bon Marché et le Printemps vont développer à fond le secteur alimentaire.
- Cette manœuvre n’est elle pas en fait destinée à camoufler la vente, la fermeture ou la restructuration de tous les magasins Galeries Lafayette qui se trouvent en province ?
Nous ne sommes pas dupes des manœuvres grossières de la direction pour parvenir à ses fins, car l’accord de méthode signé le 26 mai dernier prévoit que les salariés Gourmet vont conserver leurs propres règles concernant l’aménagement du temps de travail (travail de nuit, travail du dimanche, etc.).
Donc, la problématique soulevée au départ par le délégué CFDT sur les différences de traitement ne serait donc qu’un prétexte mensonger pour justifier le processus d’intégration ? Nous le pensons évidemment et cela nous inquiète.
Cerise sur le gâteau, l’intégration de Gourmet permettrait à la direction de se débarrasser des représentants du personnel de Gourmet, notamment ceux du SCID, pourtant démocratiquement élus en octobre 2016. Et nous savons à quel point la direction déteste le SCID, syndicat indépendant et revendicatif.
Bref, malgré notre «interdiction» de participer aux réunions avec la direction des GL, nous ne sommes pas resté les bras croisés.
Dès le mois de mars 2017, nous avons écrit à la direction de Gourmet pour leur demander de répondre à nos questions sur l’emploi, les conditions de travail et leur demander d’associer les représentants du personnel de Gourmet à cette négociation. Ils sont, avec les salariés de Gourmet, les 1ers concernés !
Réponse évasive : « non, ce n’est qu’un projet ».
Nous avons posé des questions à la direction au CE des Galeries Lafayette du 24 juin 2017 et, en l’absence de réponse, avons contribué à ce que le CE rende un avis DÉFAVORABLE sur le projet d’intégration.
Nous avons saisi le CHSCT des Galeries Lafayette sur le projet de transfert de l’exploitation Gourmet de la société MGL vers la société GLH et ses éventuelles conséquences sur les conditions de travail des salariés (article L. 1224-1 du Code du Travail).
Comme la loi le permet, en cas de projet important modifiant les conditions de travail, le CHSCT dans lequel nous sommes implantés a voté une expertise.
C’est-à-dire qu’un expert agréé par le Ministère du travail est missionné par le CHSCT pour obtenir toutes les réponses sur les conditions de travail et donner ses préconisations.
Et là, c’est l’hystérie générale ! La direction se braque, menace et accuse le SCID de vouloir bloquer le projet, alors que nous n’en avons aucunement les moyens, ça se saurait !
Le projet sera tout au plus reporté en raison de l’expertise, mais c’est bien le rôle des représentants du personnel d’obtenir des réponses pour les salariés et leurs conditions de travail.
La direction est tellement furax après le CHSCT qu’elle stigmatise le SCID en particulier (son ennemi juré) et décide de contester l’expertise au tribunal. Elle en a le droit, le juge tranchera. Mais cette procédure entamée par la direction retarde encore plus le projet puisque l’audience n’aura lieu qu’en septembre 2017 !
Et voilà que la CGT vient à la rescousse de la direction en diffusant un tract POUR l’intégration et CONTRE les représentants du SCID des Galeries Lafayette !
La CGT des GL dénonce le fait que les représentants du personnel SCID de Gourmet sont POUR l’intégration, alors que ceux des Galeries seraient CONTRE. L’expertise du CHSCT est qualifiée « d’irresponsable » et « lourde de conséquences » !
C’est à n’y rien comprendre !
C’est le monde à l’envers : la CGT des GL joue le jeu de la direction et dit que demander une expertise sur un projet revient à le bloquer. Demander une expertise sur un projet serait «irresponsable». En fait, la CGT des Galeries accuse le SCID de faire son boulot de DÉFENSE DES INTÉRÊTS DES SALARIES.
Nous proposons à ces représentants CGT de partir en formation : seule la direction a le pouvoir de renoncer à son projet. Certainement pas nous ! Tout ceci est fait pour manipuler les salariés et diaboliser le SCID. Nous sommes habitués.
Bon, vous voyez que le dialogue social n’existe pas et qu’en réalité certains syndicats, par leurs manœuvres, salissent l’image déjà bien entamée du vrai syndicalisme. (La grande Magouille).
Cet événement donne aussi un éclairage sur la volonté farouche du MEDEF et du gouvernement Macron de supprimer le CHSCT.
Les patrons ne veulent pas d’expertises, de questions gênantes, ils veulent avoir les mains libres pour faire toujours plus de pognon, sans se soucier des conséquences sociales et économiques pour leurs salariés.
Nous ne cèderons pas à ces pressions grotesques et mettrons tout en œuvre, avec les moyens légaux à notre disposition, pour obtenir des réponses et des garanties pour les salariés.
C’est notre rôle et nous le tiendrons.
Le SCID : pour replacer l’humain au centre des décisions
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