Bien qu’opposée à la généralisation du travail le dimanche, l’équipe SCID du Bon Marché a assisté à toutes les réunions de négociation relatives à l’ouverture dominicale.
Voyant la tournure que prenait la négociation, nous avons alerté la direction et les autres organisations syndicales de l’enseigne – par écrit – pour les mettre en garde sur les conséquences de la signature d’un tel d’accord.
D’un point de vue économique, le Bon Marché a donné très peu d’informations sur les conséquences d’une ouverture 7 jours sur 7. Il a d’ailleurs reconnu avancer « dans le flou » alors que les compensations financières au travail du dimanche et du week-end complet sont très conséquentes.
Dès lors, comment le Bon Marché va-t-il financer les coûts supplémentaires considérables engendrés par l’ouverture 7 jours sur 7 ?
De plus, alors que le quartier est d’un calme olympien le dimanche, le Bon Marché décide d’ouvrir jusqu’à 20H ! Il est plus agressif que ses concurrents de la Rive Droite qui proposent des fermetures à 19H.
Nous craignons que ces coûts supplémentaires ne provoquent une envolée des objectifs de chiffres à réaliser et, par voie de conséquence, une chute des primes.
Nous craignons les répercussions négatives sur la rémunération, les augmentations de salaires, les évolutions professionnelles, les formations, les conditions et les relations de travail et, naturellement, sur l’emploi si la situation économique se dégrade.
Nous pensons d’ailleurs depuis le début que les enseignes poussent les organisations syndicales à la signature avec des compensations alléchantes, compensations qui ne pourront pas être maintenues dans le temps. Seules resteront les ouvertures du dimanches et toute la casse sociale qui va avec.
Nous avons alerté le Bon Marché sur les discriminations et les pressions qui naîtrons inévitablement de leur projet d’accord pour tous les salariés.
En effet, contrairement à ses homologues de la Rive Droite, le Bon Marché ne plafonne pas le nombre de dimanches travaillés par an et par salarié. Cette mesure a le mérite de tenter de préserver un semblant d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Elle met également tous les salariés sur un pied d’égalité par rapport au nombre de dimanches travaillés et, donc, de gain de rémunération supplémentaire.
Le Bon Marché fait tout le contraire : non seulement il ne plafonne pas le nombre de dimanches travaillés, mais il encourage le travail TOUS les dimanches et mêmes TOUS les week-ends (samedi et dimanche) ! Et plus on en fait, plus les majorations de salaires sont élevées. Adieu vie sociale, adieu vie familiale.
Nous dénonçons cette approche ultra libérale du travail dominical très agressive et très dangereuse pour les salariés : non seulement elle méprise la préservation d’un équilibre vie pro-vie perso, mais elle met les salariés en compétition et créera de profondes inégalités entre ceux qui pourront faire des week-ends complets toute l’année et ceux qui ont des contraintes sociales ou familiales et qui, de fait, ne pourront pas les faire.
Inégalités de salaire évidemment, puisque le Bon Marché l’a dit lui-même : ceux qui feront tous les week-ends seront payés sur l’équivalent de 17 mois et demi de salaire !
Inégalités de traitement car les salariés « volontaires habituels programmés » seront prioritaires pour choisir leurs plannings.
Concernant l’emploi, nous ne voyons dans l’accord du Bon Marché aucun engagement en faveur des jeunes, des seniors et des personnes en situation de handicap, alors que ces populations sont les plus exclues de l’emploi.
Les ouvertures dominicales (loi Macron), qui ont été vendues à l’opinion comme une formidable opportunité de créations d’emplois, ne créeront en fait (si toutefois elles en créent !) que des emplois précaires et fragiles.
D’un point de vue social, nous alertons le Bon Marché sur la dégradation des conditions de travail de tous les salariés et des cadres en particulier qui, moins nombreux que les employés, se retrouveront contraints de travailler les dimanches.
Peut-on imaginer dans le commerce des cadres ou des agents de maîtrise qui refusent de travailler les dimanches, sans pression d’aucune sorte ? Quels impacts sur les relations de travail entre collègues, avec les équipes et avec la hiérarchie ?
De plus, rien n’est prévu par le Bon Marché pour le personnel de démonstration, très largement majoritaire sur la surface de vente. Ce personnel, isolé et très vulnérable, subira de plein fouet les conséquences des ouvertures du dimanches.
Pour toutes ces raisons, pour éviter une profonde détérioration des conditions de travail, de rémunération et de vie des salariés, le SCID demande au Bon Marché de renoncer à l’ouverture tous les dimanches et de rester sur une ouverture de 12 dimanches par an, ce qui est déjà trop pour nous !
Le SCID a volontairement envoyé les mêmes arguments aux autres organisations syndicales de l’enseigne pour enrichir leurs réflexions et tenter de les dissuader de signer un tel accord.
Augmentons les salaires, pas les horaires !